lundi 20 avril 2020

PAUL CELAN, CINQUANTE ANS APRÈS: CORONA




P. Celan, cc



Corona

L’automne me mange sa feuille dans la main : nous sommes amis,
Nous épluchons le temps des noix et lui apprenons à partir :
Le temps retourne dans la coque.

Au miroir c’est dimanche,
Dans le rêve on dort,
La bouche dit vrai.

Mon œil descend au sexe de la bien aimée :
Nous nous regardons,
Nous nous disons l’obscur,
Nous nous aimons comme le pavot et la mémoire,
Nous dormons comme le vin dans les conques,
Comme la mer dans le rayon sanglant de la lune.

Nous nous tenons enlacés à la fenêtre, ils nous voient de la rue :
Il est temps qu’on le sache !
Il est temps que la pierre se mette à fleurir,
Que l’inquiétude batte un cœur.
Il est temps qu’il soit temps.

Il est temps.






Paul Celan, GW I, 37.

(traduction DT)

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