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Articles

Affichage des articles du 2020

UNE ENCYCLOPÉDIE DE LA MER : MOBY DICK

Le petit garçon avait abandonné le livre au bout de quelques chapitres. L’ennui d’un empilement de connaissances ne servant qu’à faire retarder l’action avait eu raison de lui. Pourtant l’ouvrage se recommandait de toutes les caractéristiques de la « littérature de jeunesse » … Mais le livre n’était pas à mettre dans toutes les mains, manifestement. Il déborde toutes les attentes. Il fallait attendre le bon moment. La surprise fut d’y trouver ce qui concerne chacun. Elle fut de découvrir que l’on pouvait y prendre un immense plaisir sans être spécialement attiré par la chasse à la baleine. C’est pourtant bien le sujet, abondamment traité. Mais ce traitement approfondi, qui ne nous épargne aucun détail technique, scientifique, mythologique sur son objet, est déjà ce qui le rend intéressant. L’approfondissement d’un coin de l’univers, la lutte du langage pour le faire rendre sa vérité, quand cette lutte est suffisamment tenace, le rendra non seulement intéressant, ma...

PAUL CELAN, CINQUANTE ANS APRÈS: CORONA

P. Celan, cc Corona L’automne me mange sa feuille dans la main : nous sommes amis, Nous épluchons le temps des noix et lui apprenons à partir : Le temps retourne dans la coque. Au miroir c’est dimanche, Dans le rêve on dort, La bouche dit vrai. Mon œil descend au sexe de la bien aimée : Nous nous regardons, Nous nous disons l’obscur, Nous nous aimons comme le pavot et la mémoire, Nous dormons comme le vin dans les conques, Comme la mer dans le rayon sanglant de la lune. Nous nous tenons enlacés à la fenêtre, ils nous voient de la rue : Il est temps qu’on le sache ! Il est temps que la pierre se mette à fleurir, Que l’inquiétude batte un cœur. Il est temps qu’il soit temps. Il est temps. Paul Celan, GW I, 37. (traduction DT)

La Peste et le Corona (fin)

Non moins que l’envahissement sournois de l’épidémie qui suscite d’abord une incrédulité générale, le sujet du roman de Camus est la sortie de cet état d’auto-contrainte, de crise et de remise en question général que matérialise l’enfermement. Est-ce que tout doit reprendre son cours « comme avant » ? Ou bien n’est-ce pas la possibilité de se reprendre et d’intervenir précisément sur le cours des choses et de l’organisation de la vie humaine qui se présente ici ? Ces questions sont au centre du roman paru en 1947. Que faire de la Résistance et de la victoire ? comment garder l’expérience d’un autre regard (moins égoïste ?) que les circonstances ont rendu possible, permettant à des aspects négligés en temps de paix, où chacun suit son quant-à-soi, de se déployer ? Ce sont les questions du journaliste de Combat , ce sont les inquiétudes du Résistant [1] . C’est qu’une fois la guerre passée, une fois le danger écarté, chacun n’a rien de plus pressé ...