samedi 15 juin 2024

Le roi des aulnes de Goethe, mis dans le français de juin 2024

 


 

Mais qui va si tard chevauchant par nuit et vent ?

Le père et son enfant :

Il tient le garçon à son bras.

Il le tient fermement, il le réchauffe.

 

« Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage, as-tu peur ? »

« Tu ne vois donc pas le roi des aulnes, père ?

Le roi des aulnes, sa couronne et sa traîne ? »

« Mon fils, ce n’est rien qu’un brouillard qui passe. »

 

« Viens mon petit, viens avec moi !

On fera des jeux magnifiques !

Tant de fleurs ornent mon pays…

Ma mère a de si belles robes. »

 

« Mon père, mon père, tu n’entends toujours pas

Les promesses que susurre le roi des aulnes ? »

« Calme-toi, reste bien tranquille mon enfant :

Ce n’est que le vent à travers les feuilles mortes. »

 

« Mon cher petit, viendras-tu avec moi ?

Je crois que déjà mes filles t’attendent…

Mes filles mènent le bal de nuit

Elles te berceront, danseront, chanteront avec toi ! »

 

« Mon père, mon père, tu ne vois toujours pas

Les filles du roi des aulnes en ce lieu si lugubre ! »

« Mon fils, mon fils, je vois très bien :

Les vieux saules ont l’air bien gris là-bas »

 

« Je t’aime, ta beauté m’attire…

Et si tu ne viens pas toi-même, j’emploierai donc la force ! »

« Mon père, mon père ! voilà qu’il m’attaque

Le roi des aulnes vient de me frapper. »

 

Le père est paniqué, repart à toute allure

Avec dans ses bras l’enfant qui gémit.

Il arrive à grand peine à la cour du château :

Mais dans ses bras l’enfant est mort.