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Un été avec Goethe

La semaine du 20 août a permis de passer « un été avec Goethe », qui est sorti ragaillardi de ses vacances en Normandie. Pour renouveler la perception du grand auteur, la discussion s’est portée avant tout sur la dernière période de sa production. C’est peut-être là qu’il est le plus jeune. 

Les participants venus de différents pays ont traqué ainsi les secrets de la création et l’émergence d’un « second auteur » derrière la figure convenue du « classique ». Avec succès. En abordant les œuvres du scientifique, le Second Faust, peu compris, le dernier roman, les Années de voyage de Wilhelm Meister, peu lu, ou encore le Divan oriental-occidental, mal lu, une expérience conviviale de redécouverte s’est produite. 

Des ateliers, où chacun était convié à participer, ont ponctué les réflexions plus générales, produisant des moments de lecture intensive et d’échange précis. Goethe traducteur, notamment de Diderot, comme son rapport à l’art, au théâtre, aux Lumières, faisaient aussi partie de ces exercices, comme les retraductions de l’arabe qu’il interpréta, ou son rapport à la poésie latine, élégiaque et épigrammatique. Une soirée de lecture commune (avec le colloque Bessette) fut consacrée au genre de l’Élégie, et une autre soirée à Goethe et la musique, à travers les mélodies de musiciens de différents pays, de Schubert à Busoni et Medtner, qui apportèrent la touche de l’expérience esthétique à l’ensemble. Le programme fut entrecoupé de lectures des lettres de Felix Mendelssohn à ses parents, lors de ses deux séjour à Weimar, comme cette lettre du 10 novembre 1821:
Alle Nachmittag macht Goethe das Streichersche Instrument mit den Worten auf : ich  habe dich heute noch gar nicht gehört, mache mich ein wenig Lärm vor...

Concert: baryton Julien Segol, piano Kunal Lahiry:


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Schubert, Geistes-Gruß 
Schubert, Ganymed 
Ives, Over all the tree tops 

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Brahms, Dämmerung senkte sich von oben
Schumann, Sitz ich allein
Schumann, Freisinn 
Schubert, Rastlose Liebe

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Schubert, Der Musensohn  
Busoni, Schlechter Trost  
Schubert, Meeres Stille 
Löwe, Der Erlkönig 

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Busoni, Lied des Mephistopheles 
Medtner, Hafenspieler Lied 
Schubert, Geheimes 
Löwe, Der alte Goethe 

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Schubert, An Schwager Kronos
Medtner, Wandrer Nachtlied 1
Medtner, Wandrer Nachtlied 2

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La conclusion fut livrée par une conversation jubilante de Christoph König avec le romancier suisse Adolf Muschg, fin connaisseur de l’œuvre goethéenne, qu’il glisse en plusieurs de ses textes. 

Un participant parla d’un « colloque mémorable ».


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