Accéder au contenu principal

GERNIKA


Guernica après le bombardement, Bundesarchiv 183, H25224
Le 26 avril 1937, la flotte de la Légion Condor (28 bombardiers allemands, 3 italiens, secondés par des avions de chasse) fondit sur la petite ville basque de Gernika/Guernica  et y déversa entre 17h30 et 20h 22,28 tonnes de bombes explosives et incendiaires. Les premières détruisirent les maisons et les canalisations, les secondes propagèrent le feu. La surface de la ville incendiée couvrit près des trois-quarts des maisons. Les structures en bois des maisons traditionnelles favorisèrent la propagation du feu. La lourdeur des tuiles des maisons traditionnelles fut comme un piège pour les occupants.


Le responsable de cette expédition, le Ministre de l’Aviation du Reich, déclara à Nuremberg : « Guernica fut un banc d’essai pour ma nouvelle aviation : c’est regrettable, mais nous ne pouvions rien faire d’autre. À l’époque, nous ne pouvions faire ces choses nulle part ailleurs »[1]


Les cartes actuelles de la ville indiquent les zones historiques qui ont résisté à la destruction.


Ancienne capitale basque, connue pour son parlement depuis le Moyen âge, qui se réunissait prés du chêne, l’arbre de Guernica, dont la tradition a été constamment entretenue.
Lors de son passage en ces lieux, Wilhelm von Humboldt, en 1800, décrit avec soin le système politique basque, ses institutions et ses mœurs.
Le visiteur qui s’éloigne de la place du marché pour aller parcourir le parc derrière le parlement ne manque pas de marquer un instant de surprise. Un seul buste est en place d’honneur, dans ce parc, à peu de distance de l’arbre de la liberté : celui de Wilhem von Humboldt. Un être pas comme les autres, honoré ici, au milieu des ruines et de l’amertume laissées par ses descendants. Un hommage doublement troublant. Un hommage qui grandit celui qui est rappelé comme « ami du peuple basque » autant que ceux qui l’honorent.




[1] Je m’appuie sur la documentation réunie à l’occasion du catalogue de l’exposition d’œuvres de Verena Kraft et Kurt Petz, présentée à Madrid et à Guernica, par le Goethe-Institut (Wolfger Pöhlmann) : Gernika 1937-2002 Erakusketa / Exposición / Ausstellung Verena Kraft Kurt Petz, Casa de cultura / Kultur Etxea Gernika-Lumo, GI Madrid. Le catalogue a été coordonné par Concha San Francisco et Christoph Strieder.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le roi des aulnes de Goethe, mis dans le français de juin 2024

    Mais qui va si tard chevauchant par nuit et vent ? Le père et son enfant : Il tient le garçon à son bras. Il le tient fermement, il le réchauffe.   « Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage, as-tu peur ? » « Tu ne vois donc pas le roi des aulnes, père ? Le roi des aulnes, sa couronne et sa traîne ? » « Mon fils, ce n’est rien qu’un brouillard qui passe. »   « Viens mon petit, viens avec moi ! On fera des jeux magnifiques ! Tant de fleurs ornent mon pays… Ma mère a de si belles robes. »   « Mon père, mon père, tu n’entends toujours pas Les promesses que susurre le roi des aulnes ? » « Calme-toi, reste bien tranquille mon enfant : Ce n’est que le vent à travers les feuilles mortes. »   « Mon cher petit, viendras-tu avec moi ? Je crois que déjà mes filles t’attendent… Mes filles mènent le bal de nuit ...

Le Comte de Monte Cristo : la vengeance du romanesque

  Edmond plonge pour secourir, en pleine tempête, une jeune femme que se noie. Il est promu pour cet acte de bravoure, faisant honneur à la dignité humaine, préférée même au respect de l’ordre de son supérieur qui lui avait intimé de ne pas plonger. Il remplacera le capitaine. Lequ el en concevra une haine profonde. Un capitaine peut faire un beau mariage. Mais il s’est élevé. Il tombera de plus haut. Une trahison lui vole sa vie. Edmond, qui a sauvé une vie par un réflexe généreux, mais idéaliste, perdra bientôt la sienne, trahi par un rival. Le pauvre, il ne comprend même pas ce qui lui arrive, quand la maréchaussée vient le prendre au collet en pleine église, au moment où il s’apprête à conclure un beau mariage avec une femme qu’il aime et qui l’aime et qui, ce qui ne gâte rien, est un bon parti. Tout allait trop bien. Il disparait au Château d’If. Personne ne se soucie de lui. Il ne comprend pas ce qui lui est arrivé, mais aimerait bien savoir. C’est ce qui le maintient e...

Les Musiciens de Brême: une interprétation sociale.

Publié sur le site de la revue Multitudes , le 1 er octobre 2012 Il faut avoir parfois entendu ou lu sous des vêtements extrêmement divers ces contes de Grimm pour qu’ils commencent à s’imposer dans leur vigueur subversive. Les musiciens ne sont pas des musiciens, mais des laissés pour compte. Ils sont rejetés par une société qui les a utilisés tant qu’elle pouvait, et maintenant que les voilà trop vieux et qu’ils ne peuvent plus fournir la même quantité de profit à leurs maîtres, on s’en sépare, ou bien on les destine à la casserole. L’âne ne peut plus porter. Le coq est mis au chômage de sa basse cour. Le chien ni le chat ne sont plus d’aucune utilité à faire fuir voleurs ou souris. Aucune assurance ne vient compenser cette péremption sociale, dont la violence s’exprime au mieux dans la dernière perspective qui leur est offerte : être mangés. Contre cet avenir qui n’en est pas un, ils se rebellent, indignés à leur façon. Ils aspirent à une sécurité qu’ils n...